Définition du comique de caractère
Psychologique, social, critique, moral, volontiers acide, moqueur et impitoyable, le comique de caractère repose sur la critique d’autrui au moyen de procédés comme la satire et la caricature.
L’humoriste cible alors les faiblesses d’un personnage : ses vices et ses défauts, ses perversions, ses lacunes, ses mensonges.
Le public rit de la dénonciation des disgrâces de l’âme et des aberrations du comportement d’autrui, jouissant de se sentir supérieur aux goinfres, aux avares, aux fieffés menteurs, aux bouffons ridicules, aux misérables prétentieux.
Ce type de comique remonte très loin dans l’antiquité : déjà des tragédiens et dramaturges grecs et latins comme Aristophane et Plaute ou les poètes Martial ou Juvénal jouaient du comique de caractère en exhibant les turpitudes morales de leur société, tendant un miroir cynique à la laideur de l’esprit humain.
En occident chrétien, le comique de caractère a longtemps reposé sur la critique des 7 péchés capitaux : luxure, avarice, gourmandise, paresse, orgueil, colère, envie.
On rit donc de ce que la morale sociale dominante condamne, ce qui fait du comique de caractère un instrument, somme toute, passablement conformiste et normatif.
Ainsi, ce type d’humour s’est parfois dévoyé dans la critique de minorités ou de populations dominées et discriminées, comme les personnes d’origine africaine ou arabe, les homosexuels, ou les usagers des drogues.
Des humoristes blancs se sont peint en noir pour danser « comme des sauvages », des humoristes hétéros ont fait cause commune avec l’homophobie légal pour satiriser les efféminés (par exemple dans le film La cage aux folles), des humoristes de mèche avec la police ont fait des sketchs sur les soi-disant ravages de la drogue.
A l’inverse, on voit aujourd’hui un retournement de ce procédé, un coup d’arroseur arrosé, quand des humoristes dénoncent des personnages de racistes (de Coluche à Dieudonné) et d’homophobes.
Exemples d’humoristes typiques du comique de caractère
La Bruyère, précisément avec son chef d’œuvre, Les caractères, série de portraits satiriques
Louis de Funès (incarnant volontiers l’avarice, la colère, la rapacité, la gourmandise, la cruauté, l’égoïsme)
Gaspard Proust (incarnant un personnage cynique, égoïste, désabusé, misogyne, raciste, et rempli de bonne conscience)
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