Eminem – Kim – Paroles, traduction, analyse, interprétation et signification

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Analyses de paroles de chanson rap et rock
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Eminem – Kim – Paroles, traduction, analyse, interprétation et signification

La chanson Kim d’Eminem raconte l’horrible, dramatique et angoissant meurtre de sa femme par l’artiste en personne.

C’est l’une des analyses de chansons proposées dans le PDF Songwriting, analyses de chansons en anglais.

Vidéoclip

kim Eminem traduction sous titres fr

Eminem – Kim – Analyse des paroles, interprétation et signification

Pour rappel, dans cette analyse on va utiliser le vocabulaire de la narration.

Prologue

Le morceau s’ouvre sur 10 secondes de berceuse : a cappella, un joli son de clochettes en arrière-plan, un père s’adresse à sa fillette de 2 ans.

Aww look at daddy’s baby girl
Oh regardez-moi cette fillette à son papa
That’s daddy’s baby
C’est le petit bébé de papa
Little sleepy head
Petite tête qui a sommeil
Yesterday I changed your diaper
Hier j’ai changé tes couches
Wiped you and powdered you
Je t’ai essuyée et poudrée
How did you get so big?
Comment as-tu fait pour grandir autant ?
I can’t believe it now you’re two
Je peux pas croire que tu aies déjà deux ans
Baby you’re so precious
Mon bébé tu es si précieuse
Daddy’s so proud of you
Papa est tellement fier de toi

A 10 secondes, la musique devient orchestrale et dramatique, avec piano et cordes.

Acte I, exposition. On n’a pas encore de véritable action, mais la situation initiale est posée.

Couplet 1

A 20 secondes, le père change complètement de ton :
Sit down, bitch!
Assieds-toi connasse !
If you move again I’ll beat the shit out of you!
Si tu bouges encore je te défonce la gueule !

Auparavant claire et jolie, la musique devient tendue, lourde et agressive. La boucle au piano tourne toujours, submergée par une puissante ligne rythmique.

Déclencheur. Le but n’apparaît pas encore très précisément, mais les personnages se définissent : le père-chanteur est le Héros, sa femme est son Antagoniste, et le problème tient à leur relation.

(Okay)

Pour la première fois on entend la voix bouleversée et effrayée du personnage de Kim, jouée par Eminem.

Au passage, notons l’ambiguïté de ce fait : le même acteur incarne deux personnages antagonistes. Il fait curieusement preuve d’empathie en tant qu’auteur, en se montrant soucieux de restituer les identités des adversaires en présence.

Il lui hurle dessus :

Don’t make me wake this baby
Ne me fais pas réveiller la gamine
She don’t need to see what I’m about to do
Elle a pas besoin de voir ce que je veux faire

On appelle cela une prolepse : un indice donné au public, qui anticipe sur l’action future, entraînant un suspense.

Quit crying, bitch, why do you always make me shout at you?
Arrête de pleurer connasse, pourquoi tu me forces toujours à te hurler dessus ?
How could you? Just leave me and love him out the blue
Comment tu as pu ? Me quitter comme ça et l’aimer lui soudain

Effet de distribution de l’information : le public est mis au courant d’un fait que les deux personnages connaissaient déjà.

A partir de là le public comprend pourquoi le couple se dispute – à cause d’une affaire de tromperie qui explique la colère du Héros.

Oh, what’s the matter Kim? Am I too loud for you?
Oh, qu’est-ce qu’il y a Kim, je parle trop fort pour toi ?
Too bad, bitch, you’re gonna finally hear me out this time
Pas d’bol connasse, cette fois tu vas m’écouter jusqu’au bout
At first, I’m like all right. You wanna throw me out? That’s fine!
Au début, ça va. Tu veux me jeter ? Ok !
But not for him to take my place, are you out your mind?
Mais lui il prendra pas ma place, t’as perdu la tête ?
This couch, this TV, this whole house, it’s mine!
Ce divan, cette télé, toute la baraque, c’est à moi !
How could you let him sleep in our bed?
Comment tu as pu le laisser coucher dans notre lit ?
Look at Kim! Look at your husband now!
Regarde Kim ! Regarde ton mari maintenant !
(No!)
I said look at him! He ain’t so hot now is he?
Regarde-le j’te dis ! Il est plus si séduisant maintenant si ?
Little punk!
P’tite merde !
(Why are you doing this?)
(Pourquoi tu fais ça ?)
Shut the fuck up!
Ferme-la !
(You’re drunk! You’re never going to get away at this!)
(Tu es saoul ! Tu t’en sortiras pas comme ça !)
You think I give a fuck!
Qu’est-ce que j’en ai à foutre !
Come on we’re going for a ride, bitch!
Allez viens on va faire une balade, connasse !

La première forme du déclencheur restait vague : on savait que le Héros en avait après sa femme.

Maintenant les données se précisent, le but devient « emmener Kim en voiture », et le public se doute que cela cache une intention pas encore nommée mais évoquée juste après.

A partir de maintenant et comme dans les deux autres chansons de la trilogie, une voiture constitue le décor de l’action.

(No!)
Sit up front!
Assieds-toi devant !
– Well, I can’t just leave Hailie alone, what if she wakes up? –
– Bon, je peux pas laisser Hailie toute seule, et si elle se réveille ? –
We’ll be right back –
On sera vite revenus
Well, I will, you’ll be in the trunk!
Enfin, moi je reviendrai, toi tu seras dans le coffre !

Par les mots effrayants « you’ll be in the trunk », tu seras dans le coffre, l’absence d’information complète concernant cette intention génère un suspense : de quoi ce personnage est-il capable ? Que compte-t-il faire dans sa fureur psychopathe ?

Les données dramatiques de l’Acte I étant complètes, l’Acte II de cette intrigue de dispute peut commencer.

Refrain

Pendant ce refrain, la puissante ligne rythmique continue sur sa lancée, le piano est remplacé par des cordes mélancoliques.

So long,
bitch you did me so wrong
Pendant si longtemps,
connasse tu m’as fait tant de mal
I don’t want to go on
Living in this world…
Je ne peux pas continuer à vivre en ce monde
without you
Sans toi
(bis)

Dramatiquement parlant, ce refrain n’apporte aucune nouvelle information et ne nourrit pas l’action. Son rôle consiste à mettre en valeur, à souligner le conflit en cours et la profonde ambivalence du Héros, qui veut tuer sa femme et mourir à la fois. Ambivalence qu’on retrouvera sous d’autres formes dans 97′ Bonnie & Clyde et dans Stan.

Couplet 2

You really fucked me Kim
Tu m’as vraiment bien baisé Kim
You really did a number on me
Tu m’as fait un sacré numéro
Never knew me cheating on you would come back to haunt me
Je m’étais pas douté que le fait de t’avoir trompée allait revenir me hanter

Cette phrase donne un argument aux défenseurs d’Eminem comme parolier. Car il donne clairement tort à son personnage autobiographique. Ce faisant, il s’en désolidarise subtilement. Étrange aveu de culpabilité n’est-ce pas ?

But we was kids then Kim, I was only 18!
Mais on était gosses à l’époque Kim, j’avais que 18 ans !
That was years ago!
C’était il y a des années
I thought we wiped the slate clean!
Je pensais qu’on avait tiré ça au clair !

Encore un élément sur l’histoire antérieure du couple.

That’s fucked up!
C’est niqué !
(I love you!)
(Je t’aime !)
Oh, God, my brain is racing
Oh Dieu j’ai le cerveau en feu
(I love you!)
(Je t’aime !)

Ambivalence énorme.

What are you doing?
Qu’est-ce que tu fous ?
Change the station I hate this song!
Change de station je déteste cette chanson !

Quelle ironie ! Un chanteur qui déteste et fait taire une chanson. Le public peut aussi y entendre en écho que c’est la chanson d’Eminem qui est haïssable, qui doit être stoppée.

Does this look like a big joke?
Est-ce que tu crois que c’est une grosse blague ?
(No!)
There’s a four year old boy lyin’ dead with a slit throat
In your living room, ha-ha
Il y a un garçon de 4 ans qui gît mort avec la gorge tranchée
Dans ta salle à manger, ha ha

Cette situation effrayante et gore flotte un peu dans l’histoire pour l’instant, le public ne sait pas trop comment la lire. Elle appartient à une deuxième intrigue dont les données sont incomplètes, et qui semble raconter le meurtre d’un petit garçon par le chanteur-narrateur-Héros. On peut s’interroger sur le degré de réalité de la scène : est-ce le récit réel de faits récents, ou une simple menace virtuelle ?

Les paroles reprendront la même scène plus tard, au milieu du prochain couplet.

En tout cas, il semble qu’Eminem aime faire crier le contraste thématique en forme d’oxymore entre l’horreur de la mort et l’innocence de la petite enfance, car il l’emploiera à nouveau sous d’autres formes dans 97′ Bonnie & Clyde (où Hailie assiste sans comprendre aux funérailles de sa mère) comme dans Mockingbird (où le chanteur n’hésite pas à tordre le cou au piaf coupable de n’avoir pas chanté).

What you think I’m kiddin’ you?
Qu’est-ce que tu crois, que je suis pas sérieux ?
You loved him, didn’t you?
Tu l’aimais, pas vrai ?
(No!)
Bullshit you, bitch, don’t fucking lie to me
Connerie, connasse, ne me mens pas
– What the fuck’s this guy’s problem on the side of me???
– C’est quoi son problème à ce type à côté ???
Fuck you asshole, yeah, bite me!!! –
Va te faire foutre trouduc, ouais, suce-moi ! –

Cette brève altercation avec un autre conducteur, qui constitue une troisième intrigue, offre un double avantage :

  • Faire une pause dramatique dans un récit bien chargé émotionnellement, avant de repartir de plus belle
  • Décadrer et nous confronter au danger de la situation d’ensemble : un homme ivre (comme le lui a reproché Kim plus tôt) parti dans une crise de fureur incontrôlable, devenu un danger public pour lui-même, ses proches et autrui.
  • De là, la situation s’enrichit encore. Le conflit verbal entre le Héros et Kim se double d’un conflit plus vaste entre le Héros et le monde extérieur, conflit qui, en cas d’accident, pourrait les conduire tous deux à la mort – suspense !

Kim! KIM!!!
Why don’t you like me?
Pourquoi tu m’aimes pas ?
You think I’m ugly don’t you??
Tu trouves que je suis moche pas vrai ?
(It’s not that!)
C’est pas ça !
No, you think I’m ugly!
Nan tu me trouves moche hein !
(Baby)
(Chéri)
Get the fuck away from me, don’t touch me!!
T’approche pas de moi, me touche pas !!
I HATE YOU! I HATE YOU!!!
I SWEAR TO GOD, I HATE YOU!
JE TE HAIS ! JE TE HAIS !
JE LE JURE DEVANT DIEU JE TE HAIS
(Oh my god I love you…)
(Oh mon Dieu je t’aime…)
How the fuck could you do this to me?
Putain mais comment t’as pu me faire ça ?
(Sorry!)
(Désolée !)
How the fuck could you do this to me???
Putain mais comment t’as pu me faire ça ??

Sans rajouter d’information, l’auteur met le focus sur les charges émotionnelles en jeu. Le pathos explose.

Structure : fin de l’Acte II.

Refrain

So long,
bitch you did me so wrong
I don’t want to go on
Living in this world…
without you
So long,
bitch you did me so wrong
I don’t want to go on
Living in this world…
without you

Rien de neuf, mais on culmine toujours émotionnellement. Comment ne pas être ému par ce cri d’amour-haine ?

Couplet 3

Come on get out!
Allez descends !
(I can’t I’m scared!)
(Je peux pas j’ai peur !)
I said get out, bitch!
J’ai dit descends, connasse !

Structure : la descente de voiture marque clairement la fin du trajet et la coupure entre deux moments dramatiques.

Cela correspond bien à un des conseils de l’expert en scénario McKee : ne pas dire, montrer.

(Let go of my hair, please don’t do this, baby!
(Lâche-moi les cheveux, ne fais pas ça bébé !
Please I love you, look we can just take Hailie and leave…)
S’il te plaît, je t’aime, regarde on peut juste prendre Hailie et partir…)
Fuck you! you did this to us!
Va te faire foutre ! C’est toi qui nous a fait ça !
You did it, it’s your fault!
C’est toi, c’est ta faute !

En fait, on entre dans l’Acte III, la crise commence. Elle correspond à une intensification du conflit.

Oh, my God, I’m crackin’ up,
Oh mon Dieu je craque,
Get a grip Marshall!!
Accroche-toi Marshall !!

L’ordre de s’accrocher adressé à Marshall (le vrai prénom de Marshal Mathers = Eminem) permet au public d’identifier 5 personnes réunies en une : le Héros de l’histoire = le narrateur = l’homme Marshall Mathers = l’auteur-interprète des paroles = l’artiste Eminem.

Le fait n’a rien d’anodin, Eminem est coutumier de ces démultiplications d’identités. Dans Stan, il est à la fois lui-même et Stan. Dans The Real Slim Shady, il se montre en super-Héros du rap. Etc.

Eminem joue donc fréquemment sur les deux tableaux : à fond dans la fiction, et simultanément à fond dans l’autobiographie, racontant sa vraie vie en détails, allant jusqu’à donner son vrai nom comme titre à l’album tout en le signant de son pseudonyme d’artiste – comme s’il voulait retourner la logique et faire en sorte que ce ne soit pas l’homme qui crée l’artiste, mais l’artiste qui crée l’homme.

Hey remember the time we went to Brian’s party?
Hé tu te souviens la fois où on était à la fête de Brian
And you were like so drunk that you threw up all over Archie
Et t’étais genre si ivre que t’as dégueulé sur Archie
That was funny, wasn’t it?
C’était marrant, hein ?
(Yes!)
That was funny, wasn’t it??
C’était marrant, hein ?
(Yes!!)

Cette scène de torture psychologique marque une étape de plus dans le crescendo de violence qui va nous conduire au meurtre final.

See it all makes sense, doesn’t it?
Tu vois tout est cohérent, pas vrai ?
You and your husband have a fight
Toi et ton mari vous avez une dispute
One of you tries to grab a knife
L’un de vous deux essaye de choper un couteau
And during the struggle he accidentally gets his Adam’s apple sliced
Et pendant la lutte il tranche accidentellement sa pomme d’Adam

Tiens ? On rebranche sur la scène du petit garçon égorgé évoquée dans le couplet 2 !

(No!)
And while this is goin’ on
Et pendant que ça se passe
His son just woke up and he just walks in
Son fils se réveille et il entre
She panics and he gets his throat cut
Elle panique et il se fait trancher la gorge
(Oh, my God!)
(Oh mon Dieu !)
So now they’re both dead and you slash your own throat
Donc maintenant ils sont morts tous les deux et tu tranches ta propre gorge
So now it’s double homicide and suicide with no note
Donc maintenant on a un double suicide et un suicide sans laisser de petit mot

Effectivement, il s’agit bien de la même mini-intrigue secondaire, montée en parallèle, auparavant juste esquissée et qui se développe ici à l’extrême, en carnage. Pourtant, le public ne sait toujours pas si l’intrigue est réelle ou imaginaire. La connaissance de la biographie d’Eminem montre que, si les disputes violentes avec Kim étaient une réalité, Marshall Mathers n’a jamais été jusqu’à assassiner toute une famille.

Il y a d’autres cas en musique et dans le rap, où de véritables crimes, agressions, viols, vols avec violence etc. ont été revendiqués à travers les paroles. Certains, des décennies plus tard, s’en sont mordu les doigts.

C’est le cas de Docteur DRE, rappeur et producteur d’Eminem qui, sur le tard, a fini par regretter publiquement d’avoir eu des comportements violents envers les femmes et de les avoir maltraitées dans ses textes.

I should have known better when you started to act weird
J’aurais dû faire gaffe quand t’as commencé à déconner
We could’ve… HEY! Where you going? Get back here!
On aurait pu… Hé ! Où tu vas ? Reviens là !

A partir d’ici la crise prend toute son ampleur. De verbale, la dispute devient physique, et le danger donc la tension dramatique augmentent.

Admirez comment, juste avec des mots bien choisis, Eminem nous fait sentir l’ambiance, décrit indirectement les actions des personnages grâce à ce qu’ils disent. Alors que le média est audio, il nous permet pourtant sans problème d’imaginer une scène visuelle de course-poursuite entre les amants ennemis.

You can’t run from me, Kim!
Tu peux pas m’échapper, Kim !
It’s just us, nobody else!
Y’a que nous ici, personne d’autre !
You’re only making this harder on yourself
Tu ne fais que rendre les choses plus difficiles
Ha! Ha! Got’cha!
Ha ! ha ! Je te tiens !
(Ah!)

La crise s’intensifie encore et le public sent qu’on arrive bientôt au climax.

Ha! Go ahead, yell!
Ha ! Vas-y, gueule !
Here I’ll scream with you!
Tiens, je vais gueuler avec toi !
AH, SOMEBODY HEEEEELP!!!!!!
AH, A L’AIDE !!!!!
Don’t you get it, bitch, no one can hear you??
Tu comprends pas connasse que personne peut t’entendre ?
Now shut the fuck up and get what’s coming to you
Maintenant ferme ta gueule et regarde ce qui t’arrive
You were supposed to love me!!!
T’étais censée m’aimer !
[Kim choking]
[Kim s’étouffe]
NOW BLEED! BITCH, BLEED!!!!
BLEED! BITCH, BLEEEED!!!!! BLEEEEEEEEEEEEED!!!!!!!!!!
MAINTENANT SAIGNE ! SAIGNE, CONNASSE !
SAIGNE !!! SAIGNE, CONNASSE !
SAAAIIIIIGGGNNNEEE !!!!!!!!

Climax. La tension dramatique crève le plafond et dévaste le public émotionnellement. Peu d’auditeurs/auditrices auront pris le parti du Héros. Bien qu’écrite par et pour Eminem, la chanson met le public plutôt du côté de Kim au moment où elle est victime d’une injustice flagrante.

(Un véritable psychopathe doté d’un talent littéraire aurait pu choisir de présenter le meurtre sous un jour favorable, sans générer aucune empathie positive envers la victime. Eminem en a décidé autrement !)

Chorus

So long,
bitch you did me so wrong
I don’t want to go on
Living in this world…
without you
So long,
bitch you did me so wrong
I don’t want to go on
Living in this world…
without you

Cette fois, le refrain change radicalement de sens et résonne avec une ironie tragique. Jusqu’à présent, quand on l’entendait, Kim était vivante, de sorte que les paroles n’exprimaient que l’exaspération du Héros. Mais maintenant, après le meurtre de Kim, elles expriment surtout son désespoir : puisqu’il vient de tuer son amour, et puisqu’il « ne veut pas continuer à vivre en ce monde / sans toi », on peut supposer qu’il a son propre suicide en vue à l’horizon.

Épilogue

De la minute 5:20 à la minute 5:50, la musique se calme : les voix, les hurlements disparaissent, le rythme s’adoucit et s’efface, le violon mélancolique devient l’instrument dominant, solitaire, et tout ce moment musical inspire essentiellement la tristesse, l’abattement.

Pour le public comme pour le personnage, ces changements dans l’instrumentation coïncident avec une phase de décompression émotionnelle, après une crise aussi dramatique.

L’absence d’information pendant 30 secondes, le sentiment de vide qui envahit le morceau, contribuent à imiter l’état d’esprit du Héros après son geste fou, et donc à faciliter l’identification du public avec lui, puisqu’on partage le même sentiment.

A la minute 5:42, on entend des bruitages qu’on reconnait au bout de quelques secondes d’attention parmi les sons de la nuit sur fonds de cigales :

  • Un corps lourd qui frotte sur le sol
  • Une voiture qui passe sans ralentir, ce qui montre que Marshall s’est simplement garé sur le bord de la route
  • Une clé qui ouvre le coffre
  • Le corps porté jusqu’au coffre, ce coffre fermé.

Silence, fin du morceau.

Commentaire

Combien d’intrigues trouve-t-on dans cette chanson ?

Réponse :

  • Une intrigue principale, celle d’un homme qui agresse sa femme
  • Une intrigue secondaire, celle d’une famille assassinée « par accident »
  • Un fragment d’intrigue qui ne sera pas développé – quand Marshall entre en conflit avec un autre conducteur

Vous voulez vous exercer ? Reprenez la chanson, refaites le plan dramatique détaillé de chaque intrigue, puis le plan d’ensemble qui agrège tous ces éléments.

Combien de personnages ?

On trouve 2 personnages actantiels pour l’intrigue principale :

  • Le Héros, Marshall.
  • L’Antagoniste, Kim.

3 autres personnages sont évoqués :

  • Hailie, la fille de Kim et Marshall, est un personnage thématique mais sans rôle actantiel – elle ne peut rien faire pour empêcher ses parents de se battre.
  • L’inconnu avec qui Kim a trompé Marshall. S’il était présent il pourrait aider Kim, mais absent, il n’a aucune influence, il a juste contribué à déclencher la fureur de Marshall. Au passage, cet élément étant autobiographique, on connait le nom de cet homme : il s’agit de John Guerrera, videur d’une boite de nuit, que Kim a embrassé un soir en présence d’Eminem, ce dernier réagissant en agressant Guerrera avec un flingue… vide. Si vous vous intéressez à la bio d’Eminem, vous pouvez lire cet article très bien fait : Eminem & Kim : les dessous d’une relation tumultueuse.
  • L’autre conducteur en restera au stade d’Antagoniste fugace, aussitôt oublié.

De sorte que la structure des personnages dans ce morceau apparaît aussi minimale que possible :

  • Mari vs Femme.

Synthèse comparative : Kim, 87 Bonnie & Clyde, Stan

Kim, 97 Bonnie & Clyde, Stan : trois chansons d’amour-haine

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