PDF, 176 pages
|
Story&Drama analyse les paroles de la chanson La Javanaise de Serge Gainsbourg, conversation amoureuse raffinée entre un amant et sa maîtresse.
Clip
Paroles
1
J’avoue
j’en ai
bavé
pas vous
mon amouravant
d’avoir
eu vent
de vous
mon amourRefrain
Ne vous déplaise
en dansant la Javanaise
nous nous aimions
le temps d’une chanson2
À votre
avis
qu’avons
nous vu
de l’amourde vous
a moi
vous m’a-
vez eu
mon amourRefrain
Ne vous déplaise
en dansant la Javanaise
nous nous aimions
le temps d’une chanson3
Hélas
avril
en vain
me voue
à l’amourj’avais
envie
de voir
en vous
cet amourRefrain
Ne vous déplaise
en dansant la Javanaise
nous nous aimions
le temps d’une chanson4
La vie
ne vaut
d’être
vécue
sans amourmais c’est
vous qui
l’avez
voulu
mon amourRefrain
Ne vous déplaise
en dansant la Javanaise
nous nous aimions
le temps d’une chanson
Analyse
Le texte se présente visuellement comme une série de 4 couplets en 2 groupes de 5 vers, et 4 refrains en 4 vers, dont les vers et les systèmes de rimes sont exceptionnellement brefs.
A l’écoute, ce filet de voix se distingue par sa minceur, son élégance : on dirait un danseur habile qui se déplace sur la pointe des pieds avec vivacité : tada-tada-tada-tada, tada-da…
Et étrangement, alors que d’habitude c’est le contraire, le refrain prend plus d’espace et prend plus son temps : là où les syllabes des couplets sautillent de croche en croche, les syllabes du refrain sont des blanches traînantes.
Le refrain reste le même tout du long, mot pour mot, intangible. Son propos ne consiste qu’à rappeler à la destinataire, supposée entendre le Héros-chanteur, un souvenir nostalgique de leur amour quand ils dansaient la Javanaise.
Cette idée simple pose néanmoins un problème de logique, voulu bien sûr : la Javanaise est précisément le titre de la chanson qu’on écoute, mis en abîme par ce dispositif : on écoute la chanson que les amants écoutaient déjà autrefois et qui raconte comment ils s’aimaient autrefois quand ils écoutaient cette chanson où etc…
Bref, malgré la légèreté du message de ce refrain, Gainsbourg a réussi a y mettre un petit effet génial, en miroir à l’infini.
Les couplets racontent une intrigue. Le couplet 1 met en place la structure d’énonciation – qui parle à qui : c’est le Héros-chanteur qui parle à son amour. Il lui parle de comment il a souffert avant de la rencontrer. Sa façon de parler nous renseigne sur son identité : il vouvoie sa partenaire, ce qui est signe d’un certain rang social, d’une courtoisie bourgeoise, et en même temps il utilise des expressions plus relâchées comme en baver ou avoir eu vent.
Le couplet 2 continue le badinage : qu’avons-nous vu de l’amour, et vous m’avez eu. C’est une simple conversation, il y a peu de drame, pas de conflit, pas d’enjeu, simplement une ambiance amoureuse installée par le thème de la situation.
Le couplet 3 change la donne. Avril en vain me voue à l’amour : il y a là un événement qui donne un but au Héros, c’est donc le déclencheur, même s’il arrive tardivement.
…
Vous avez apprécié cet extrait ?
Apprenez à écrire des paroles de chanson en analysant les plus belles œuvres de la chanson française.
Je viens d’apprendre en regardant le gran échiquier que cette chanson était dédiée à Greco que Gainsbourg avait écrite en rentrant de chez elle sans avoir « coucher » ensemble